Passer au contenu

Reflex Canon EOS 1DX Mark III : une machine de guerre pour la photo de sport

À l’aube du lancement des J.O. de Tokyo, Canon dévoile le reflex professionnel qui équipera la majeure partie des photographes équipés en monture EF autour des stades. Un boîtier d’exception, mariant mécanique reflex et computing des hybrides.

C’est LE domaine dans lequel les reflex n’ont pas encore courbé l’échine face aux hybrides : le futur de la photo de sport reste dans le camp « reflex » avec l’annonce de la sortie prochaine du Canon EOS 1D X Mark III. Un énorme boîtier monobloc à grip vertical intégré comme le veut le format d’appareil « sport ». Un appareil qui a un pied dans le monde des reflex – miroir, obturateur mécanique, viseur optique, etc. – et un autre dans la photo « électronique ». Petite anatomie d’un monstre.

Gros méchant reflex plein de mécanique…

Les gammes 1Dx et Dx sont, chez Canon comme Nikon, une épreuve de mesure de force où chacun des deux « grands » met le paquet côté vitesse, autofocus et résistance. La définition d’image n’est pas vraiment un sujet puisqu’il s’agit d’envoyer, dans toutes les situations imaginables, de bonnes images, le plus rapidement possible, aux rédactions du monde entier. Le 1DX Mark III ne joue donc pas la surenchère côté pixels, avec un capteur de « seulement » 20,1 mégapixels, même si le composant est entièrement nouveau – technologie Dual Pixel, nouveau filtre passe-bas renforçant la précision d’image, plage de sensibilités allant de 100 à 102.400 ISO (extensible à 819.200 !).

Outre son format imposant et la horde de joints et autres renforcements de toutes parts, le monstre envoie désormais 16 images par seconde en obturateur mécanique. Un obturateur toujours au 1/8000e, mais qui profite d’un nouveau mécanisme encore plus rapide (et encore plus robuste : 500.000 déclenchements !) pour réduire le temps interimage à sa plus simple expression. Grâce à son capteur Dual Pixel, le 1DX Mark III peut même pousser la rafale à 20 i/s en obturateur électronique, mais la visée se fait alors par l’écran. Une utilisation possible, mais pas préférée par les photographes professionnels qui utilisent ce genre de boîtier : selon les études Canon, 95% des photographes de sport préfèrent la visée optique, reprochant à la visée électronique son léger délai.

Notez qu’en dépit de son caractère « robuste », le 1DX Mark II pèse 100 grammes de moins que le Mark II. Des grammes que les ingénieurs ont mis 4 ans à « arracher » à force d’optimisations.

Électronique entre deux mondes

Le 1DX Mark III est un reflex sauce mécanique, mais son électronique oscille entre celle des reflex et des hybrides. Tout comme les reflex traditionnels, il intègre un capteur dédié à la mise au point et à la mesure de l’exposition, un prisme, un miroir, etc. L’écran est un nouveau panneau LCD tactile de 2,1 millions de pixels et le boîtier intègre deux emplacements pour cartes mémoires CF Express. Mais une fois en mode visée par l’écran, le 1DX Mark III se pare des atours des appareils photos hybrides. Outre le déclenchement 100% silencieux (obturateur électronique) et une rafale encore améliorée (20 i/s), il profite de tous les pixels à sa surface pour la mise au point (capteur Dual Pixel) ou encore du maintien de la mise au point sur l’œil (Eye AF).

Au rang des outils de traitement d’image améliorés, il faut noter l’utilisation des capacités photographiques du H.265 avec l’apparition du codec HEIF que l’on trouve déjà dans les iPhone. Compressant deux fois mieux que le Jpeg – qui reste le format de choix en photo de sport – le HEIF offre aussi plus de qualité d’image à poids de fichier égal. Quand le 1DX Mark III produit un Jpeg 4:2:2 en 8 bit (256), pour le même encombrement sur la carte mémoire, il peut aussi produire un HEIF 4:2:2 encodé sur 10 bit (1024), donc bien plus riche en informations.

Processeurs puissants pour autofocus « intelligent »

Le bouton AF-ON sert aussi de joystick tactile de nouvelle génération.

À la source des performances de l’EOS 1DX Mark III se trouve le tout nouveau processeur Digic X, une puce dont la puissance brute en traitement d’image (pixels) est multipliée par x3.1 et dont les capacités de « computing » (encodage vidéo, manipulation d’algorithmes liés à l’IA, etc.) seraient boostées jusqu’à x380. Un chiffre qui ne veut rien dire si ce n’est que les capacités sont très étendues. Au rang de celles-ci, il faut déjà rappeler la « digestion » de 400 millions de pixels par seconde (20 Mpix vingt fois par seconde en obturateur électronique), ce à quoi s’ajoutent la vidéo 5,5K (lire plus loin), mais aussi de tout nouveaux algorithmes AF. Et l’AF, c’est un peu le nerf de la guerre dans ce genre de reflex.

Aussi, au Digic X intégré qui gère tout l’appareil s’ajoute un Digic 8, le même que l’on retrouve dans l’EOS R. Un processeur récent dont l’entièreté des ressources est allouée à l’autofocus en pilotant, notamment, le nouveau module AF. Et il en faut de la puissance pour gérer ce module puisque sa résolution a été multipliée par x28 et le nombre de collimateurs ont été multipliés par x3. Cette plus grande précision permet à l’appareil de réussir à faire de la détection (et suivi) de tête humaine même en mode « reflex », une première dans l’industrie. Pour les photographes fainéants, il faut aussi noter l’apparition d’un mode autofocus « Auto Af Case » qui se charge d’analyser la scène en temps réel et de déterminer le type de sujet à suivre.

Tout cela ne serait rien sans une bonne quantité (et qualité) de mémoire interne. Si Canon n’a pas donné de détails exacts, les chiffres communiqués par l’entreprise côté rafale ont de quoi faire saliver. En RAW, la vitesse de prise de vue commence à diminuer au-delà de 1.000 images consécutives. À comparer aux « seulement » 170 images RAW consécutives annoncées sur le 1DX Mark II, le Mark III ferait quasiment six fois mieux.

Partition vidéo (enfin) solide

Si les hybrides ont depuis longtemps pris le pas sur les reflex en vidéo, il est bon de rappeler que c’est bien un reflex, l’EOS 5D Mark II, qui a lancé la révolution vidéo avec son capteur plein format. Depuis, Canon a déporté ses efforts sur une ligne de caméras pros (C100, C300, etc.) et s’était clairement fait distancé par Sony et Panasonic dans les appareils photo. Même Olympus et Fujifilm poussent fort dans ce domaine.

Le 1DX Mark III marque un « réveil » de l’orgueil du géant qu’est Canon avec une liste de capacités vidéo longue comme le bras. Avec en « joyau de la couronne », un mode vidéo RAW 5,5K 50 i/s 12 bits à 2,6 Gbit par seconde (oui, ça fait un débit de 325 Mo/s sur la carte mémoire). Un mode vraiment cinéma que l’on ne trouve à l’heure actuelle dans aucune caméra grand public et qui s’ajoute à de nombreux modes 4K (UHD, DCI) en mode ALL-I ou IPB selon les besoins.

Si le format reflex de sport monobloc n’est pas aussi pratique que celui des hybrides, cela montre cependant à la concurrence que Canon en a sous la pédale. Les Sony et Panasonic doivent affûter leurs armes pour rester dans la course quand le géant daignera équiper ses hybrides de telles technologies – ce n’est pas vraiment l’EOS R qui avait de quoi faire peur !

Prêt à envoyer les images en live

Paradoxalement, c’est moins les améliorations de performances pures qui pourraient convaincre photographes et agences de sauter le pas que les capacités de communications de l’appareil. Car la mission « critique » de ce genre de boîtier c’est moins de proposer quelques pixels en plus ou x pourcents de bruit numérique en moins, mais bien d’aider le photographe à envoyer ses clichés du match de foot ou du 100m le plus rapidement possible aux fils d’agence et rédactions du monde entier.

Et là, Canon a mis le paquet côté communications. Primo, le boîtier intègre sa propre puce Wi-Fi qui dépanne sur 10-15 m de portée ainsi qu’une prise réseau RJ 45 gigabits. Ensuite, Canon a développé un nouvel adaptateur Wi-Fi (WFTE 9) double bande (2,4 et 5 GHz) qui pousse la couverture réseau jusqu’à 150 m garantis (300 m théoriques). Pour le mode en shoot connecté à une box d’envoi en RJ45, l’EOS 1DX Mark III protège (enfin !) sa connexion en SFTP et peut désormais être accédé à distance par les desks grâce à son navigateur web interne, en HTTPS of course.

Finalement, tout le cœur des fonctions éditoriales de l’appareil (gestion des champs IPTC, des serveurs et répertoires d’envoi FTP, lecture et taggage d’image, etc.) pourra être piloté par le biais du navigateur depuis un ordinateur. De quoi éviter les fastidieux renommages de dossiers en utilisant les petits boutons et autres molettes du boîtier.

L’EOS 1DX Mark III arrivera à partir du 13 février à 7300 euros et sera livré, en offre de lancement, avec une carte CF Express de 64 Go et un lecteur de carte mémoire pour ordinateur.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.